Traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba,
En 2001,
Chez Actes Sud,
Prix Nobel de Littérature en 2002.
352 pages
Le Refus est la seconde pièce de la série de 4 romans composée d' Un être sans destin où Kertész raconte son emprisonnement à Auschwitz puis à Buchenwald (il y fut déporté à l'âge de 15 ans à cause des ses origines juives), d'abord refusé par les éditeurs hongrois, il a été publié pour la première fois seulement en 1985, plus de10ans après avoir été écrit. Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, puis Liquidation qui ferme cette série.
Il y a fort longtemps, mon cousin m'offrit le Refus parce qu'"un prix nobel, c'est tout de même pas de la gnognotte". Enfin (après 9-10 ans tout de même... quand je vous dis que je suis la reine de la procrastination) décidée à le lire il y a quelques mois, je le reposai cependant, tentée par d'autres lectures qui me paraissaient plus alléchantes à ce moment là, notament Liebesflüchten de Schlink, le kabaliste de Prague et la fin de la trilogie animalière. Je décidai d'être persévérante et de reprendre ma lecture il y a 3 semaines, je n'en fut pas déçue. L'écriture est assez exigeante et ce n'est point le roman qui se lit d'une traite. Il m'a souvent fallu, avec plaisir cependant, reposer le livre, réflechir, prendre des notes... Pour revenir au Refus, roman quasi autobiographique, il s'articule en deux volets: dans le premier, on découvre un viel homme, nommé tout simplement "le vieux". Il s'agit de l'auteur lui-même ou d'un personnage lui ressemblant trait pour trait car il repense à l'échec de son roman Être sans destin qualifié de maladroit. Le "vieux" s'enferme chez lui et travaille d'arrache pied à un roman. L'atmosphère est particulièrement étouffante, les lieux sont décrits avec une précision presque sardonique. L'impression de se retrouver en milieu carcéral est renforcé par le port de boules- quiès qui n'enferme l'écrivain non plus entre ses 4 murs mais à l'intérieur de lui-même. C'est certainement cette ambiance confinée qui m'a fait interrompre ma lecture. Par contre, une phrase m'a particulièrement amusée: "Il existe un être à première vue parfaitement inoffensif (...) Mais s'il se niche à ton insu dans ton oreille, il commence à se développer, il éclôt, et j'ai déjà vu des cas où il avait atteint le cerveau, l'avait envahi et continuait à proliférer comme ces pneumocoques qui pénètrent par la truffe des chiens. Cet être, c'est le voisin. L'Être sans silence."
En 2001,
Chez Actes Sud,
Prix Nobel de Littérature en 2002.
352 pages
Le Refus est la seconde pièce de la série de 4 romans composée d' Un être sans destin où Kertész raconte son emprisonnement à Auschwitz puis à Buchenwald (il y fut déporté à l'âge de 15 ans à cause des ses origines juives), d'abord refusé par les éditeurs hongrois, il a été publié pour la première fois seulement en 1985, plus de10ans après avoir été écrit. Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, puis Liquidation qui ferme cette série.
Il y a fort longtemps, mon cousin m'offrit le Refus parce qu'"un prix nobel, c'est tout de même pas de la gnognotte". Enfin (après 9-10 ans tout de même... quand je vous dis que je suis la reine de la procrastination) décidée à le lire il y a quelques mois, je le reposai cependant, tentée par d'autres lectures qui me paraissaient plus alléchantes à ce moment là, notament Liebesflüchten de Schlink, le kabaliste de Prague et la fin de la trilogie animalière. Je décidai d'être persévérante et de reprendre ma lecture il y a 3 semaines, je n'en fut pas déçue. L'écriture est assez exigeante et ce n'est point le roman qui se lit d'une traite. Il m'a souvent fallu, avec plaisir cependant, reposer le livre, réflechir, prendre des notes... Pour revenir au Refus, roman quasi autobiographique, il s'articule en deux volets: dans le premier, on découvre un viel homme, nommé tout simplement "le vieux". Il s'agit de l'auteur lui-même ou d'un personnage lui ressemblant trait pour trait car il repense à l'échec de son roman Être sans destin qualifié de maladroit. Le "vieux" s'enferme chez lui et travaille d'arrache pied à un roman. L'atmosphère est particulièrement étouffante, les lieux sont décrits avec une précision presque sardonique. L'impression de se retrouver en milieu carcéral est renforcé par le port de boules- quiès qui n'enferme l'écrivain non plus entre ses 4 murs mais à l'intérieur de lui-même. C'est certainement cette ambiance confinée qui m'a fait interrompre ma lecture. Par contre, une phrase m'a particulièrement amusée: "Il existe un être à première vue parfaitement inoffensif (...) Mais s'il se niche à ton insu dans ton oreille, il commence à se développer, il éclôt, et j'ai déjà vu des cas où il avait atteint le cerveau, l'avait envahi et continuait à proliférer comme ces pneumocoques qui pénètrent par la truffe des chiens. Cet être, c'est le voisin. L'Être sans silence."
Le "vieux" retrouve un roman écrit dans sa jeunesse qui fera l'objet de la deuxième partie (je pense que cet écrit a été largement retouché).
On assiste aux péripéties de Köves revenu de l'étranger dans sa ville natale qu'il ne reconnaît cependant plus. C'est un nouveau système, décrit à la manière de Kafka, qui dirige sa patrie: le communisme ou quelque chose de très approchant. On a l'impression que Köves se laisse complètement porter par les évènements, étranger à son monde, étranger à lui-même, si l'on peu se permettre: un "être sans destin". Certaines phrases du manuscrit-confessions que Berg lit à Köves s'apparentent également à l'auteur. Des remarques particulièrement marquantes sur l'écriture et ses raisons: "L'écriture, mesdames et messieurs, ce besoin particulier et inexplicable de donner à notre vécu une forme et une expression; est une tentation alléchante mais dangereuse." (p.286)
Une remarque que l'on pourrait considérer comme l'une des clés de la série "Je suis enfermé ici, sous une surveillance sévère qui de façon salutaire, bien que ce soit pour me punir, me décharge de toute responsabilité quant au devenir de mon destin" (p289). Le refus ne se porte pas uniquement sur le non-succès d'un roman, mais sur le refus de vivre son destin ou de vivre tout court (?). Une écriture caustique, grinçante, amère mais terriblement touchante, un roman dont on ne ressort pas indemne...
C'est malin maintenant, j'ai envie de lire les autres romans de la série... Après une transition plus légère que je vous présenterai le mois prochain, peut-être...
On assiste aux péripéties de Köves revenu de l'étranger dans sa ville natale qu'il ne reconnaît cependant plus. C'est un nouveau système, décrit à la manière de Kafka, qui dirige sa patrie: le communisme ou quelque chose de très approchant. On a l'impression que Köves se laisse complètement porter par les évènements, étranger à son monde, étranger à lui-même, si l'on peu se permettre: un "être sans destin". Certaines phrases du manuscrit-confessions que Berg lit à Köves s'apparentent également à l'auteur. Des remarques particulièrement marquantes sur l'écriture et ses raisons: "L'écriture, mesdames et messieurs, ce besoin particulier et inexplicable de donner à notre vécu une forme et une expression; est une tentation alléchante mais dangereuse." (p.286)
Une remarque que l'on pourrait considérer comme l'une des clés de la série "Je suis enfermé ici, sous une surveillance sévère qui de façon salutaire, bien que ce soit pour me punir, me décharge de toute responsabilité quant au devenir de mon destin" (p289). Le refus ne se porte pas uniquement sur le non-succès d'un roman, mais sur le refus de vivre son destin ou de vivre tout court (?). Une écriture caustique, grinçante, amère mais terriblement touchante, un roman dont on ne ressort pas indemne...
C'est malin maintenant, j'ai envie de lire les autres romans de la série... Après une transition plus légère que je vous présenterai le mois prochain, peut-être...
5 commentaires:
arf ! l'homme sans silence ! c est comme ca que je pourrais appeler mon voisin !
tiens gouter l'amertume... comme gouter le fait d'etre séparé de ses semblabls, ici volontairement ! et porter des boules quies, comme une surdité au monde ! étrange roman ! Ca me fait pense a un recit initiatique ou un truc aprochant?
Initiatique ne je sais pas mais en tout cas c'est très autobiographique!
J'ai souvent eu envie de lire Kaddish pour l'enfant..... JE vais peut-être opter pour Le Refus, tu en parles si bien !
Merci Miss Zen! Kaddish est sur ma Ouisch liste de Noel donc j'en parlerai... peut etre dans 10ans ahahahahah
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