Max Liebermann

Vous souvenez-vous que j'avais dévoré les carnets de Liebermann de Thallis? Eh oui Liebermann a bien existé, il n'était pas le psychiatre aidant son ami l'inspecteur Reinhard mais un peintre plus agé. Les deux Max ont cependant un point commun: ils sont d'une famille juive.
Le peintre, né 1847 à Berlin, découvre son talent à l'adolescence. Lors de son séjour à Düsseldorf, il développe un goût prononcé pour les naturalistes ainsi que la Hollande et peint essentiellement des scènes paysannes raillées par la critique allemande qui les qualifie de "Schmutzmalerei" - peinture sale. En revanche, ces tableaux plaisent à Anvers!

Les plumeuses d'oies 1872

La récolte des pommes de terre à Barbizon 1874
Liebermann, las d'essuyer les moqueries des critiques allemands, déménage à Paris où il découvrira l'école de Barbizon. (menée par Théordore Rousseau et qui a influencé les impressionnistes français tels que Renoir et Monet...) Cette école cherchant à se démarquer de l'art classique et à se rapprocher de la nature fascine Max Liebermann.
Les deux peintures présentes ci-dessus, m'ont directement rappelé celle-ci:

Les mangeurs de pommes de terre (1885) de Van Gogh et toute sa période hollandaise.
Puis, grâce à ce site j'apprend que le peintre hollandais est fasciné par Jean-François Millet, l'un des membres phare de l'école de Barbizon! D'ailleurs regardez donc les glaneuses de Millet et la récolte des pommes de terre de Liebermann!! La composition des tableaux, le style...
Peu à peu, le peintre berlinois va se tourner vers des motifs plus bourgeois, plus bucoliques.

Restaurant Jacob in Nienstedten an der Elbe 1902

Münchner Biergarten 1882
Ca ne vous rappelle pas ceci:

Le bal au moulin de la galette 1876

Le déjeuner des cannotiers 1891
Bien sûr on sent plus de chaleur sur les tableaux de Renoir, la lumière y est plus intense. Chez Liebermann, il fait plus frais, les personnages sont plus en retraits... Question de climat?
A la fin du 19ème, il revient vivre dans sa ville natale et devient le président de la Berliner Session et du club des 11. Courant qui cherche à se démarquer des idées de l'époque (Zille était lui aussi un membre). De 1920 à 1933, Max Liebermann est le président de l'académie des arts de Berlin. Biensûr, la monté du nazisme le force à quitter son siège. C'est le coeur amer qu'il meurt en 1935.
(Thanks Wiki de pour les infos).
Alors je vais me permettre une remarque qui va peut-être vous sembler tirée par les cheveux... mais après ces recherches et la visite de la villa ce week end j'ai eu l'impression que la vie de Liebermann peut être mise en paralèlle avec la symbolique du juif errant, car il a été souvent toléré mais jamais tout à fait accepté:

• Lorsqu'il était jeune, son père ne voulait pas qu'il utilise son nom pour representer son art. A l'école, rêveur, il faisait l'objet de moqueries, ses frère étaient très "intelligents" et il ne s'est jamais senti à leur hauteur.


• Il essuie les critiques acerbes de la critique allemande bien que sa technique soit tout de même appréciée


• En France, ses collègues impressionnistes ont évité tout contact avec lui, parce qu'il était allemand (enfin c'est wiki qui dit ça) pourtant il habitait à Montmartre, le bouillon artistique incontesté.


• De retour en Allemagne, il se fait une place, connaît quelques années de répis, malgrès la véhémente critique de Nolde à son égard, mais le couperet du nazisme tombe en 1933!

Peut-être que cela va vous sembler "gros" mais me vient cette peinture de Chagall à l'esprit:

Le juif rouge 1918 (présente à cette expo)